Du 27 Novembre au 1er Décembre

Mercredi 27 Novembre

Journée des adieux. Je quitte Mathilde et les trois filles les larmes aux yeux. Je ne suis pas triste pourtant. Juste émue. C'est difficile de quitter des gens avec qui on a partagé de bons moments, des gens qui nous ont tant apporté...

Edouard m'accompagne sur quelques kilomètres, jusqu'au bord de la Loire, dans un endroit où la luminosité est particulière.

Je traverse ensuite des zones horticoles et je longe la centrale nucléaire de Dampierre. Encore une !

Je fais une courte pause vers midi, le temps de me régaler avec le pique-nique préparé par Mathilde.

Je traverse Gien. Je passe sur le vieux pont. Quand le soleil se couche, j'ai déjà dépassé Saint-Martin-sur-Ocre et me rapproche de Saint-Brisson. Il y a à l'entrée du village un grand pré sans clôtures. Je demande aux voisins ( Elisabeth et Robert ) si je peux y passer la nuit : "C'est un terrain communal ; tu es chez toi !".

J'ai fini de m'occuper de Tit'âne et m'apprête à planter la tente quand Elisabeth revient vers moi. Elle apporte un seau d'eau pour mon sherpa à grandes oreilles et me propose également de dîner avec eux et de passer la nuit au chaud.

J'ai même le droit de regarder "Plus Belle la Vie" !

Jeudi 28 Novembre

Je déjeune en compagnie de Robert. Sa femme est déjà partie travailler alors que lui profite de sa retraite depuis quelques années.

Quand je sors préparer Tit'âne, la campagne est recouverte de givre. Il a fait - 3°C cette nuit.

Avant de reprendre la route, Robert me confie un plein sac de carottes de son jardin ; à distribuer avec parcimonie.

Je n'ai que 14 kilomètres à faire aujourd'hui alors je traîne un peu. Je discute avec des gens. Une dame de 70 ans fond en larmes sur notre passage. Entre deux sanglots, elle me parle de son âne Jojo.

Je traverse Châtillon-sur-Loire à l'heure de la sortie des classes. Quelle erreur !

Vers 15 h 00, j'arrive chez Bernard Girard ( dit Gigi ), un ami berger d'Edouard. Il n'est pas encore rentré, alors c'est sa mère qui m'accueille. Une fois Tit'âne déchargé, elle m'offre le traditionnel café. Néanmoins, la discussion est difficile. Elle entend haut et je parle bas !

Au retour de Gigi, nous allons faire la tournée des bêtes. Nous allons donc distribuer des pierres à sel au troupeau.

Après un copieux repas, on me donne de la lecture ; le journal. Mais décidément, les actualités sont toujours aussi indigestes !

Vendredi 29 Novembre

A mon réveil, j'ai l'idée de mettre fin à mon voyage qui me trotte dans la tête. Le fait d'avancer chaque jour un peu plus vers la neige et l'altitude me donne de brusques envies de reprendre le chemin de la maison. Pour ne pas prendre de décisions hâtives j'attendrai un signe.

Je quitte Gigi et sa maman vers 9 h alors que mon âne s'impatiente. Il n'arrête pas de braire depuis le levé du jour.

Je longe le canal latéral à la Loire. Comme Tit'âne marche bien, je décide de le lâcher. Au bout de longues minutes, il faut bien se rendre à l'évidence : il ne me suit plus. Ce fripon ne pense qu'à son ventre !

La journée est grise, mon humeur aussi. Je n'ai croisé personne aujourd'hui.

La nuit va bientôt tomber. Je me mets à la recherche d'un campement. C'est alors que je fais la rencontre de Marcel et Micheline qui faisaient leur promenade. Nous sommes invités à passer la nuit dans leur jardin.

Une fois le bivouac installé, ils me proposent de partager leur repas. Ils ont mis les petits plats dans les grands ! Les discussions tournent autour de leur fils qui vient de subir une lourde opération. Ils sont inquiets, jusqu'à ce que le téléphone sonne et que le fils en question donne de bonne nouvelles. Ensuite, les conversations deviennent plus légères. Ils me parlent de leurs nombreux voyages, de leurs expériences de camping, ...

Samedi 30 Novembre

Je prends le petit déjeuné avec Marcel et Micheline. Ils ont tout préparé. Le thé fume, les tartines sont grillées et beurrées.

Eux aussi font partie de ceux qui trouvent que mon sac à dos est trop lourd, mais ça ne les empêche pas de me donner une quantité impressionnante de provisions.

Je progresse sur la levée de Loire. C'est un endroit magnifique, interdit aux voitures et perdu en pleine campagne.

Au loin, je distingue une silhouette. Me rapprochant, je m'aperçois que c'est un cycliste à terre, son vélo en travers du chemin. Il a dû faire une chute.

Que je suis naïve !

Quelques pas de plus suffisent à me détromper. Cet homme étendu sur le bas côté, pantalon aux chevilles, est en train de se masturber.

Je l'ignore et le contourne en regardant droit devant moi. Mais à mon passage, il se lève et s'avance vers moi. Beaucoup trop à mon goût ! Aussitôt, je le cogne. Un coup de genoux dans les testicules. Un coup de poing dans le nez. J'y mets toutes mes forces. Son nez saigne.

Tit'âne choisi ce moment pour passer entre le cycliste et moi. Il n'est pas très délicat et bouscule l'homme au passage. Il perd l'équilibre, empêtré dans son pantalon, et tombe sur l'herbe.

Je ne m'attarde pas. Je reprend ma route sans me retourner et m'applique à mettre le plus de distance entre moi et ce détraqué.

Trois heures plus tard, j'appelle la gendarmerie. Mais visiblement, entre midi et deux, ils ont d'autres chats à fouetter.

En tout cas, j'ai eu le signe que j'attendais. C'est donc décidé ; je rentre. J'appelle Sylevain Scherer. Il peux venir dès demain !

A présent, je me mets à la recherche d'un hébergement. Je n'ai pas très envie de passer la nuit dehors. Je frappe chez un couple qui m'aide à trouver un abri pour la nuit. Après de nombreux appels, j'ai enfin une réponse positive.

Je me rend donc à "Loire-Nature-Découverte" à Saint-Satur, à côté de Sancerre. Ils proposent des hébergements en roulottes, en chalets, des ballades à vélo, à poneys ou en canoës. Même si ils sont fermés à cette période, ils vont m'ouvrir un chalet pour la nuit. L'eau à été coupée, le chauffage aussi, mais ce n'est pas l'essentiel. Au moins, je peux fermer la porte à double tour et dormir tranquille.

Dimanche 1er Décembre

Que la matinée me semble longue, l'attente interminable.

Je suis partagée entre deux envies contradictoires : rentrer au plus vite et aller à Saint-Jacques-de-Compostelle coûte que coûte. De toute manière, mon voyage n'est pas fini. Ce retour n'est qu'une pause dans mon périple. Je suis partie et je repartirai.

Avant midi, Alban et Sylvain sont arrivés avec le van. Et une fois l'âne embarqué, on reprend aussitôt la route.

Ca me fait un peu drôle de retrouver des têtes que je connais, de faire de la voiture, et encore pire, de boire un café sur une aire d'autoroute. J'ai l'impression d'être partie depuis un an alors que pour les autres, la vie est passée normalement. Je me sens en décalage... Et ce n'est pas fini...

Nous arrivons un peu avant 18h00 au Château de la Rousselière, où je retrouve avec plaisir le restant de l'équipe Défi-Nature ( Charlotte et Catherine ).

Peu de temps après, je suis de retour au Plessis-Mareil. Pour me reposer ? Je ne crois pas...

Comments

[Christelle Cédric et Adso]

Nous te souhaitons une bon repos, avant de repartir un peu plus tard. Si ta route repasse par St Germain sur Vienne, Tit'âne et toi êtes les bienvenus! Courage pour le retour à la civilisation, ça doit pas être simple.

[Elisabeth et Richard Lombardi]

chere Anne Laure et Tit ane. De Baltimore aux USA, nous marchons avec vous depuis votre sejour a la maison de Beaugency. Oui, vous avez ouvert le chemin de St Jacques de Compostelle pour un autre temps. La vie est belle. Joyeux Noel avec votre famille et cher Tit ane. En priere avec vous. Amicalement, Elisabeth et Richard Lombardi

[Fantine]

He ben la vache!

[Pauline G.]

bon courage !